arbre

arbre

dimanche 4 juin 2017

Tao

Dans le monde tous me disent éminent, mais je ressemble à un homme borné.
C’est uniquement parce que je suis éminent, que je ressemble à un homme borné.
Quant à (ceux qu'on appelle) éclairés, il y a longtemps que leur médiocrité est connue !
Je possède trois choses précieuses : je les tiens et les conserve comme un trésor.
La première s’appelle l’affection ; la seconde s’appelle l’économie ; la troisième s’appelle l’humilité, qui m’empêche de vouloir être le premier de l’empire.
J’ai de l’affection, c’est pourquoi je puis être courageux.
J’ai de l’économie, c’est pourquoi je puis faire de grandes dépenses.
Je n’ose être le premier de l’empire, c’est pourquoi je puis devenir le chef de tous les hommes.
Mais aujourd'hui on laisse l’affection pour s’abandonner au courage ; on laisse l’économie pour se livrer à de grandes dépenses ;
on laisse le dernier rang pour rechercher le premier :
Voilà qui conduit à la mort.
Si l’on combat avec un cœur rempli d’affection, on remporte la victoire ; si l’on défend (une ville), elle est inexpugnable.
Quand le ciel veut sauver un homme, il lui donne l’affection pour le protéger.

Tao

Si j’étais doué de quelque connaissance, je marcherais dans la grande Voie.
La seule chose que je craigne, c’est d’agir.
La grande Voie est très unie, mais le peuple aime les sentiers.
Si les palais sont très brillants, les champs sont très incultes, et les greniers vides.
Les princes s’habillent de riches étoffes ; ils portent un glaive tranchant ; ils se rassasient de mets exquis ; ils regorgent de richesses.
C’est ce qu'on appelle se glorifier du vol ; ce n’est point pratiquer le Tao.

Si (l’homme) cultive le Tao au-dedans de lui-même, sa vertu deviendra sincère.
S’il le cultive dans sa famille, sa vertu deviendra surabondante.
S’il le cultive dans le village, sa vertu deviendra étendue.
S’il le cultive dans le royaume, sa vertu deviendra florissante.
S’il le cultive dans l’empire, sa vertu deviendra universelle.
C’est pourquoi, d’après moi-même, je juge des autres hommes ;
d’après une famille, je juge des autres familles ; d’après un village, je
juge des autres villages ; d’après un royaume, je juge des autres
royaumes ; d’après l’empire, je juge de l’empire.
Comment sais-je qu'il en est ainsi de l’empire? C’est uniquement par là.

Avec la droiture, on gouverne le royaume ; avec la ruse, on fait la guerre ; avec le non-agir, on devient le maître de l’empire.
Comment sais-je qu'il en est ainsi de l’empire? Par ceci.
Plus le roi multiplie les prohibitions et les défenses, et plus le peuple s’appauvrit;
Plus le peuple a d’instruments de lucre, et plus le royaume se trouble;
Plus le peuple a d’adresse et d’habileté, et plus l’on voit fabriquer d’objets bizarres;
Plus les lois se manifestent, et plus les voleurs s’accroissent.
C’est pourquoi le Saint dit : Je pratique le non-agir, et le peuple se convertit de lui-même.
J’aime la quiétude, et le peuple se rectifie de lui-même.
Je m’abstiens de toute occupation, et le peuple s’enrichit de lui-même.
Je me dégage de tous désirs, et le peuple revient de lui-même à la simplicité.

Lorsque le prince observe le non-agir, quand il évite de créer une multitude de
lois, les peuples jouissent de la paix et lui donnent toute leur affection.
Lorsque, au contraire, l’administration devient importune et tracassière, les
peuples se soulèvent et ne savent plus que le haïr.